L’argent n’a pas d’odeur

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 Astérix et le chaudron, A. Uderzo

Tout le monde connaît cette fameuse expression : « l’argent n’a pas d’odeur », c’est l’empereur romain Vespasien qui l’aurait proclamé vers -70 avant J.C. afin de justifier la mise en place d’une taxe sur la collecte d’urine.

Pourtant une odeur caractéristique se dégage bien de nos pièces de monnaies lorsque nous les manipulons, une odeur souvent qualifiée de « métallique ». Quelle est donc cette odeur ? Et d’où viens-t-elle ?  C’est à ces questions qu’ont répondu des scientifiques allemands dans une de leur publication en 2006. (« The Two Odors of Iron when Touched or Pickled : (Skin) Carbonyl Compounds and Organophosphines »)

La sueur corrode le métal

Afin qu’une odeur soit perceptible, il faut que la molécule responsable de cette odeur soit volatile, ce qui n’est pas le cas du fer et autres métaux présents dans les pièces de monnaies. L’origine du phénomène provient de l’action de la sueur sur le fer. En effet lorsque nous les manipulons, les pièces s’imbibent d’un peu de sueur que nous avons le long de notre peau. La sueur est légèrement acide (pH=4 à 6), et va ainsi provoquer l’oxydation du Fer en ion Fe2+.

En effet quel que soit le pH le fer n’est pas stable en milieu aqueux et, en milieu acide, ce dernier va notamment s’oxyder en ion fer II. C’est le même phénomène qui est responsable de la corrosion du fer et de l’acier (canalisations, coques des bateaux…) mais pour la rouille on forme Fe2O3 et pas Fe2+.

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Oxydation du fer en milieu aqueux

 Réduction des peroxydes lipidiques de la peau

Notre peau est constituée de graisse, et plus précisément d’acides gras polyinsaturés. Ce sont des acides carboxyliques avec une très longue chaîne carbonée et, possédant un certain nombre d’insaturations (doubles liaisons).

Ces derniers sont susceptibles de s’oxyder en peroxydes lipidiques par action d’enzymes (lipoxygénase), ou encore par agression oxydante. L’agression oxydante se définie par la présence d’une grande quantité d’espèces radicalaires dans l’organisme, avec un important pouvoir oxydant. Ces dernières peuvent provenir de divers mécanismes (respiration dans les mitochondries, action de l’UV…).

acide_gras

 

 peroxyde_lipidique

 ou encore :

hydroperoxyde

Enfin ces lipoperoxydes vont être réduits par les ions Fe2+ formés par la sueur. Il y a alors formation d’hydrocarbures carbonylés odorants tels que la oct-1-èn-3-one, qui est le composé majoritairement responsable de l’odeur « métallique » des pièces de monnaies. Cette dernière réaction est très rapide d’où l’illusion que l’odeur vient du métal.

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Références